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« Que de nuits solitaires et froides tu as passées dans cette chambre » murmurait une autre voix plus faible, mais séduisante connue une musique… « l’attente est longue… ta jeunesse n’a plus qu’un jour, l’amour est délicieux : sois heureuse Marguerite !… » Cependant elle voulait surmonter son trouble et trouver moyen de sauver la situation.

— Quelle folie que de vous être ainsi exposé à la pluie, dit-elle, il faut vous sécher tout de suite. Je vais allumer le feu, qui est tout préparé dans la cheminée, depuis la fin de l’hiver dernier.

— Pourquoi donc ? reprit l’officier, je n’ai pas froid. Les pluies d’orage sont tièdes. D’ailleurs, ne perdons pas à souffler sur des bûches, les heures trop rapides que nous avons à passer ensemble.

— Je veux que vous vous séchiez. Ôtez d’abord votre manteau, et roulez-vous dans ce châle. Je l’exige, Emmanuel ! et vous allez voir la belle flambée.

Marguerite saisit une bougie et l’approcha du foyer.

— Laissez-moi faire, alors, s’écria Emmanuel en l’arrêtant.

Ils se disputèrent un instant ces soins de ménage. Enfin la flamme brilla, et les bourrées pétillantes envoyèrent vers les amants des fusées d’étincelles. Emmanuel fut établi dans une bergère, malgré ses protestations, et son manteau étendu sur deux chaises au devant du foyer.

Alors l’embarras recommença… Marguerite chercha