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cieuse, à courir la campagne, au bras de son amant.

Jusque alors, nul obstacle n’était venu troubler ces rendez-vous. Au contraire, Emmanuel avait trouvé des moyens commodes de cacher son cheval, et d’aller et venir de Limoges sans être vu. Marguerite, s’arrangeait des costumes gris ou vert sombre, qui se confondaient avec les gazons et les arbres, et l’eussent dérobée aux regards, en cas d’espionnage. Seulement, elle n’avait jamais osé demander la clef de la porte de son cabinet de toilette, de peur de s’attirer des questions importunes ; le moyen de la chaise pour descendre et remonter la fenêtre lui suffisait. Elle connaissait maintenant toutes les pierres et toutes les herbes qui embarrassaient la plate-forme, et ne courait plus nul danger de se précipiter.

Ces promenades, devenues habituelles, suffisaient à Marguerite, mais elles exaspéraient, au contraire, la passion d’Emmanuel. Il s’impatientait des lenteurs que mettait à se donner cette maîtresse ardente et fière, et s’en voulait à lui-même d’attendre si longtemps une victoire complète.

Cependant, le fruit était mûr, et la moindre secousse devait le faire tomber. Malgré la résolution qu’elle avait prise de ne point installer l’adultère au foyer conjugal, Marguerite appartenait trop à Emmanuel par le cœur pour pouvoir, à un moment donné, lui disputer sa personne. Si elle demeurait pure encore, elle le devait autant au respect de son amant qu’à ses propres forces.