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tesses. Après quelques avances échangées avec le bourgeois, il reprit soudain la froideur un peu hautaine avec laquelle il l’avait toujours accueilli. Maillot fut choqué d’avoir été ainsi mis à même de renouveler ses politesses, en public, pour les voir mal reçues ; il prit en haine ce beau gentilhomme qui ne voulait pas s’encanailler, et pensa qu’il ne serait pas fâché de lui jouer quelque mauvais tour si l’occasion s’en présentait.

— Que faire donc ?… se demandait toujours M. de Rouvré. Le plus praticable et le moins compromettant lui paraissait toujours de venir de Limoges le soir, et d’y retourner le matin. S’il avait pu se faire loger à Mauguet, c’eût été bien commode, mais il n’en voyait aucune chance, et il répugnait aussi à le tenter. Enfin, comme les idées simples viennent toujours en dernier, il s’avisa de penser qu’il pourrait cacher son cheval dans un fourré depuis l’heure de son arrivée jusqu’à celle de son départ ; il se promit, d’ailleurs, d’être prudent : de venir tard et de partir de bonne heure pour éviter les rencontres ; de prendre tous les jours des chemins différents, de changer de costume, de se déguiser même. Comme cela, se dit-il en manière de conclusion, le hasard seul peut nous trahir… Eh bien ! la bonne chance y pourvoira !… Quelques semaines s’écoulèrent ainsi heureuses et troublées. Marguerite vivait dans une ivresse continuelle. L’amour la transfigurait. Malgré la dissimulation à laquelle l’habitude de se faire une vie à part