Maillot, le riche héritier de l’ancien acquéreur des terres de Mauguet. Or, ce Maillot, comme tant de provinciaux désœuvrés, quittait volontiers sa belle maison de Saint-Jouvent, pour fréquenter les lieux publics où se tenaient les militaires. Il faisait la cour aux officiers, et les invitait à venir chasser sur ses domaines et goûter ses vieux vins. Les vétérans de l’empire acceptaient quelquefois ces franches lippées, et Maillot, en revanche, se plaisait à dire devant les gens qui ne prenaient pas garde à sa vulgaire personne et à sa grosse chaîne de montre : « Mon ami le capitaine Hersent, ou le lieutenant un tel… » Emmanuel de Rouvré s’était toujours défendu contre les politesses et les invitations de Maillot, et, pour rien au monde, jusqu’alors, il n’aurait voulu l’honorer de sa compagnie. Ce jour-là il lui tendit la main comme à un vieil ami.
— De causerie en causerie, sur la chasse et les chevaux, je lui ferai renouveler son invitation, pensa-t-il soudain. J’accepterai une partie de vingt-quatre heures. Il sera fier de recevoir un noble, un ami des anciens maîtres de son père… Rien de plus facile que de retourner souvent chez lui… d’y passer deux jours… et alors, la nuit, je m’esquiverais… je me glisserais dans les landes et le long des haies… — Que diraient le vicomte et sa tante de me voir en pareille société ?… Eh, qu’importe ! pourvu que j’arrive à Marguerite !
Il avait trop d’honneur pourtant pour s’arrêter à ce parti séduisant, mais qui blessait toutes les délica-