Page:Cadiot - Jeanne de Mauguet.djvu/236

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cinq pieds au-dessous de la fenêtre. C’était là qu’attendait Emmanuel. Il se fraya un chemin pour arriver jusqu’à Marguerite, à travers les genêts et les ronces.

— Que voulez-vous ? lui demanda-t-elle, d’une voix étouffée, et tremblante.

— Vous voir, vous parler un instant… Voici trois jours que nous n’avons pas eu une seconde de liberté.

— Vous êtes fou… vous me perdez !… Voyez ! les fenêtres de M. Thonnerel suivent les miennes… Si, par cette chaude nuit d’été, il lui prenait envie de respirer l’air frais, et qu’il en ouvrît une, lui aussi ?

— Les volets sont fermés, la lampe est éteinte : il dort.

Et, saisissant le mur d’appui de la fenêtre, l’officier fit un mouvement comme pour le gravir et s’élancer dans la chambre.

Marguerite le repoussa par un geste instinctif.

— Non, dit-elle vivement, J’aime mieux sortir.

Elle prit une chaise et la passa en dehors en cherchant à l’assujettir sur le sol inégal de la roche.

— Quoi ? demanda l’officier, c’est par ici que vous prétendez sortir ? mais vous tomberez ! vous vous blesserez ! vous déchirerez vos vêtements aux broussailles !…

— Qu’importe !

— Mais n’y a-t-il pas d’autre moyen ?… d’autre issue ?…

— On m’a pris mes clefs… dit-elle, d’un ton bref,