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que note produite par le choc d’un objet sur un autre ? Quel musicien pourrait traduire le langage impérieux ou suppliant de certains frappements, sur une porte close ? depuis celui qui dit : « Ouvrez-moi, par pitié ; je suis poursuivi ; la main du bourreau ou celle de l’assassin va m’atteindre… une minute encore et je suis perdu !… » ou bien : « J’ai froid ! j’ai faim ! je meurs !… » jusqu’à celui qui s’écrie avec une irrésistible puissance : « Ouvrez ! au nom de la loi ! »

Non, parfois il n’y a point d’éloquence des lèvres qui vaille le heurt d’une phalange humaine sur un panneau de sapin !

Marguerite marcha vers la fenêtre ; mais au moment de l’ouvrir, elle se souvint que les gonds rouillés grinçaient ; alors elle courut à une porte dérobée qui, de son cabinet de toilette, donnait derrière une des tourelles et sur la terrasse. Cette porte était fermée à double tour et, par hasard, la clef ne se trouvait pas à la serrure. Un mouvement d’impatience saisit madame Mauguet. — Suis-je assez garrottée ! se dit-elle en retournant à la fenêtre, en l’ouvrant avec précaution.

Cette fenêtre donnait du côté opposé à la porte du cabinet de toilette et sur le second étang. Le château, sur ce versant, n’avait point de terrasse, et les roches qui lui servaient d’assises, trempaient leur base dans l’eau ; mais une de ces roches, couverte de broussailles, pourtournait la tourelle et l’angle du château, et formait comme une petite plate-forme à quatre ou