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s’arrangeaient en faisceaux de chaque côté. Une table de trictrac en marqueterie, un clavecin, une travailleuse en bois de rose et deux consoles garnissaient les parois des murs.

Au milieu de ce salon s’étendait une grande table oblongue. Une lampe de cuivre, surmontée de son abat-jour, occupait le milieu de cette table. Çà et là, tout autour, des journaux et des livres étaient dispersés. C’était le Journal des Débats, le Mercure, Delphine, par madame de Staël, et le Génie du christianisme, qui venaient de paraître.

— Comme cette bonne Myon a bien arrangé tout cela ! s’écria mademoiselle de Mauguet en voyant l’aspect déjà vivant de cette vieille salle que, depuis la veille, deux servantes avaient eu grand’peine à débarrasser de sa poussière et à regarnir de ses anciens meubles. Elle a retrouvé les rideaux dans les armoires, et les meubles dans les greniers ; elle a apporté sur la table mes livres, mes journaux, mon ouvrage ! Elle a allumé dans la cheminée un grand feu de brandes qui renouvelle l’air, encore épais et humide ce matin ! Mes amis, nous voilà chez nous, ajouta-t-elle en s’asseyant dans une vaste bergère, au coin de la cheminée.

À peine entré, L’abbé Aubert, qui aimait passionnément la musique, courut au clavecin ; mais ce malheureux instrument était dans un pitoyable état. Louis Thonnerel traversa le salon, d’une extrémité à l’autre, pour reconnaître les portraits et les meubles.