Page:Cadiot - Jeanne de Mauguet.djvu/22

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Tandis qu’ils montaient, Louis, continuant sa rêverie, murmurait à demi-voix :

— Oui… il disait tout cela. Et, quand à d’autres heures il la voyait si bienfaisante aux pauvres gens, si attentive près de sa mère déjà souffrante du mal qui devait l’emporter, si active aux soins du ménage, si adroite aux ouvrages de femme, il disait encore : Ce sera une bonne créature qui fera l’honneur et la gloire de sa maison !

— Ainsi soit-il ! dit-elle en s’élançant d’un bond dans la grande salle du château qui ouvrait par une porte vitrée sur la terrasse. Ah ! mes amis, qu’il y a longtemps que ce salon poudreux n’a vu la lumière des lampes !

C’était une haute et vaste pièce occupant toute la largeur du château, et dont les murs étaient entièrement recouverts de boiseries peintes en gris. Des portraits de différentes dimensions, suspendus aux larges panneaux, représentaient les principaux vicomtes de Mauguet et quelques-uns de leurs alliés. Les meubles en chêne, aux formes contournées, étaient recouverts de tapisseries à sujets, exécutées par les châtelaines. Des rideaux de vieux perse avaient été posés aux portes vitrées qui se faisaient vis-à-vis, et ouvraient sur les deux façades du château. La vaste cheminée, revêtue de boiseries comme le reste de la salle, supportait une énorme pendule incrustée d’écaille et de cuivre, et deux potiches ventrues de faïence limousine. Des écrans de soie peinte ou de tapisserie