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— Non, madame, je vais à Limoges pour mes affaires, et, si vous y allez pour les vôtres, vous voyez qu’il faudra bien encore que nous suivions le même chemin.

— Moi ? qu’irais-je faire à Limoges en cet équipage, je vous prie ?…

L’instinct du mensonge, pour masquer son imprudente démarche, avait encore été plus prompt que la réflexion. Mais cette fois elle fut bien servie par son inspiration, car elle comprit immédiatement qu’elle ne pouvait plus achever son entreprise, maintenant qu’elle avait été rencontrée par le curé.

— Cela ne me regarde point, madame, répondit l’ecclésiastique. Je ne me suis jamais occupé que de vos affaires de conscience, parce que c’était mon devoir ; et j’ai même cru voir que je devais cesser de vous en parler.

— Pourquoi donc cela ?

— Parce que, madame, vous n’êtes point à cette heure dans la voie du salut, ni disposée à recevoir la parole divine.

— Vous jugez bien vite, monsieur le curé, riposta l’orgueilleuse femme.

— Dieu veuille que j’aie tort, madame la vicomtesse.

— C’est parce que je discute parfois vos sermons, que vous me jugez si mal ? Je suis peut-être une ouaille révoltée ; je ne suis pas encore une damnée, j’espère.