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L’abbé Aubert, car c’était lui, cheminait en lisant son bréviaire et, de temps en temps, jetait un regard interrogateur du côté de madame de Mauguet.

Ils marchèrent ainsi pendant un quart d’heure environ ; elle toujours rêveuse, et lui, lisant des lèvres, mais à voix basse, et tournant rapidement les feuillets de son livre. Quand il eut achevé de réciter les prières et les hymnes que l’Église prescrit quotidiennement à tous ses lévites, il toussa pour tirer la belle voyageuse de sa léthargie.

Marguerite se retourna vivement et demeura pétrifiée en se trouvant en face du prêtre. Elle devint affreusement pâle, trembla, balbutia comme si elle eût été prise en flagrant délit d’amour criminel.

Cette stupéfaction de la vicomtesse effraya le curé, qui, à son tour, demeura tout interdit.

— Bonjour, madame, dit-il d’un ton embarrassé ; vous voilà de bien bonne heure loin du logis.

La colère avait succédé à l’effroi dans le cœur de Marguerite.

— Est-ce que je n’ai pas le droit de sortir quand bon me semble ? demanda-t-elle d’une voix tremblante.

— Pardon, madame, mais je croyais que, quand vous voyagiez sur les grandes routes, on avait aussi le droit de vous rencontrer.

Madame de Mauguet se mordit les lèvres en comprenant que son trouble lui avait fait dire une sottise.

— Et vous-même, monsieur le curé, vous voilà en course pastorale ?