Page:Cadiot - Jeanne de Mauguet.djvu/210

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Elle eut un mouvement de rage contre son fils. Enfin, n’y tenant plus, elle sortit pour aller chercher un arrêt.

Elle arriva pâle et roide, car elle n’était pas encore rompue à ces manéges adultères, puis, sans rien dire, elle s’assit à côté de son mari et sembla prêter l’oreille au dialogue du père et du fils. Elle espérait toujours que le vicomte dirait le résultat de sa course à Limoges, sans qu’elle l’interrogeât. Mais précisément, par un fâcheux hasard, il semblait l’avoir oublié.

Elle attendit encore, n’osant pas parler la première, car au bouleversement de son cœur elle sentait que son visage allait la trahir. Enfin, après un temps qui lui sembla interminable, elle dit à son mari en détournant la tête :

— Eh bien ! Vous êtes revenu seul de Limoges ?

— Oui, répondit-il avec indifférence… Je n’ai trouvé Rouvré, ni chez lui ni au café. Il y aurait eu de l’indiscrétion à le chercher ailleurs…

Ainsi voilà quel était le résultat de ses manœuvres, et le fruit de sa première bassesse ! Un échec banal !… Non-seulement son mari ne lui ramenait pas son amant si impétueusement appelé, mais encore il ne lui rapportait qu’une inquiétude jalouse de plus !

Il n’était pas chez lui !… Où cela chez lui ?… Ah ! si elle eût osé demander son adresse ! Mais elle n’en trouva aucun moyen.

Il n’était pas au café ! À quel café ?…