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vers la fenêtre. Le vicomte revenait sans l’officier.

Il descendit lentement de cheval, conduisit lui-même la bête à l’écurie, parla dans la cour à un palefrenier, puis s’avança tranquillement vers le château, frappant ses bottes poudreuses du bout de sa badine. Au moment où il allait entrer, tandis que le cœur de Marguerite sautait dans sa poitrine, Pierre qui sortait tout attristé du salon se jeta au-devant de lui.

— Vois donc, papa ! vois donc, papa, le beau papillon !

Monsieur de Mauguet s’arrêta. Ô supplice !… Il s’assit à la porte de la cour, sur un banc de pierre, à l’ombre d’une treille, prit l’insecte et en détailla les couleurs. Pierre, debout entre ses jambes, levait vers lui de grands yeux interrogateurs. Alors le père se mit à lui expliquer comment cette belle fleur volante avait été d’abord une laide chenille, puis, comment il était devenu chrysalide, et enfin comment, un jour, il avait brisé son enveloppe pour s’en échapper papillon. L’enfant intéressé sauta sur les genoux de son père pour mieux l’écouter. M. de Mauguet rabattit son chapeau de paille sur ses yeux pour se défendre du soleil qui donnait en face, et raconta comment se prennent les papillons avec un sac de gaze, et comment ils se piquent sur des cartons, au bout de longues épingles. Cette causerie dura longtemps avec des intermèdes de jeux et de caresses.

La vicomtesse était debout à la fenêtre et attendait.