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longues !… Allons ! il aime ailleurs… M. de Mauguet a dit : « Rouvré nous néglige… sans doute il trouve à Limoges des distractions plus puissantes. » Pourquoi donc ne vais-je pas à Limoges ? Je saurais peut-être ce que fait Emmanuel ?… À quoi bon ?… Pourtant si j’étais sûre qu’il fût amoureux d’une autre, je ne pourrais pas continuer de l’aimer… Je recouvrerais ma tranquillité… Hélas ! la tranquillité des morts dans leurs cercueils…

« Il y a des moments où je me demande si ces disparitions subites ne sont pas profondément calculées ; si M. de Rouvré, en roué habile, ne s’en fait pas un moyen de surexciter ma curiosité, ma jalousie ou mon orgueil. Il pense peut-être que j’en viendrai à faire quelques efforts pour le retenir et jusqu’à des avances… »

Le lendemain 27, elle écrivait à bout de forces :

« Encore un jour de mortelle attente… d’inexprimables angoisses !… Pourquoi ne vient-il pas ?… Que veut-il ?… Eh bien ! c’en est fait de mes résolutions et de ma vertu ! Je ne peux plus attendre… Il faut que je le voie… J’ai usé d’une adresse infâme pour envoyer demain mon mari à Limoges le chercher… Viendra-t-il ?…

« S’il vient, je lui laisserai voir qu’il ne m’est pas indifférent… Je lui donnerai de l’espoir… À tout prix il faut que je le retienne !… S’il ne vient pas… Après demain j’irai à Limoges… je le rencontrerai… je lui demanderai l’explication de son billet et celle de sa conduite…