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contraire, entourait la vicomtesse de petits soins marqués, comme s’il eût été son amoureux accepté, triomphant et heureux. Mademoiselle de Mauguet et le vicomte ne prenaient pas garde à ce manége, selon qu’il arrive toujours. Marguerite s’en offensait comme d’une insolente audace, et cependant y voyait le témoignage renouvelé de l’amour de M. de Rouvré.

Si l’on avait feuilleté le cahier où elle écrivait chaque soir ses impressions de la journée, on aurait pu lire à la date du 20 juillet :

« … Venu aujourd’hui à deux heures, parti à quatre. Il m’a apporté un bouquet de trois roses rares qu’il m’a mis dans la main, sans me prier de l’accepter ; tout à fait comme s’il avait eu le droit et le devoir de se montrer galant à mon égard. Comment mon mari ne se choque-t-il pas de ces manières ?… Pour moi je tremblais qu’il n’y eût encore un billet ; mais non !…

Et à la date du 25 :

« … Personne aujourd’hui… Personne hier. Pourquoi ne vient-il pas ?… l’aurais-je blessé ?… sans doute, c’est qu’il en aime une autre, ou plutôt, c’est qu’il avait à Limoges quelque partie montée avec d’autres officiers… Ce beau vainqueur vient soupirer ici quand il n’a rien de mieux à faire… Après tout, peut-être, ma sévérité le lasse-t-elle ; peut-être veut-il essayer de se guérir, de m’oublier !… Et puis, si ce jeune homme est honnête, il doit se faire un scrupule de conscience de séduire une mère de famille,… l’amie