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pareils, et lui, glisser dans l’un ce qui devait aller dans l’autre… »

À cette idée son front se rembrunit, son cœur se serra.

Cependant de nouvelles réflexions la déterminèrent ; elle écrivit son billet, replia celui d’Emmanuel de Rouvré, non sans avoir relu plusieurs fois les trois mots qui lui semblaient tracés en lettres de feu ; puis elle cacheta le tout ; mais, au moment de mettre la suscription, elle s’arrêta tout à coup en disant : « Je ne sais pas son adresse ! »

Force lui fut donc de renoncer au parti qu’elle avait pris et d’en chercher un autre. Garder la lettre et la lui glisser ?… C’était avoir l’air de connaître ces jeux de l’amour coupable ; c’était pactiser un instant avec M. de Rouvré dans une même tromperie ; c’était surtout lui laisser croire, une minute ou une heure, selon le temps qu’il mettrait à ouvrir le billet, qu’elle répondait à sa déclaration et à son insolent amour…

Jeter au feu ce fatal billet et la réponse qu’elle avait écrite, et faire semblant le lendemain de n’avoir rien reçu ? garder une contenance calme et glacée en même temps ? Ceci valait mieux, mais il faudrait éviter les paroles et les regards imprudents et prendre bien garde à ne se point trahir…

Elle s’en tint à cette dernière résolution.

En conséquence, elle tortilla sa lettre et la présenta devant la flamme de la lampe. Au moment où le papier s’allumait, elle s’arrêta et retira le billet de l’offi-