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ser !… Au fait, je n’ai qu’une chose à lui dire : « Monsieur, je vous prie de ne plus revenir dans la maison de mon mari. Oui ! mais s’il ne revenait plus en effet ?… »

La malheureuse relut le billet et le regarda un moment avec des yeux hagards et fascinés ; puis elle reprit le cours de ses pensées.

« Si je le lui renvoyais simplement sous enveloppe, par la poste… Mais il ne le recevrait pas à temps, puisqu’il doit venir demain ; la poste ne part qu’à midi. D’ailleurs, si je donne ma lettre à porter à un domestique, ma tante ou mon mari peuvent le rencontrer, la lui voir à la main… que sais-je ? À moins que je ne lui recommande de la cacher ?… Oh ! non !… Je pourrais aller moi-même jusqu’à Saint-Jouvent dès le matin, entrer chez Jean Vandier notre métayer, et dire au petit François son fils de monter à cheval et de courir à Limoges porter ma lettre sans rien dire… Ce jeu me répugne… mais pour une fois…

« J’ajouterais un mot, comme par exemple : « Monsieur, vous avez sans doute confondu l’étui que m’apportait mon mari avec un semblable, que vous destiniez à quelque grisette. Je vous renvoie ce que vous y avez mis par mégarde. »

« Oui ! c’est cela ! Je suis bien plus sûre de moi en écrivant, qu’en parlant. Il comprendra et je serai débarrassée de ses attaques.

« Après tout, ma supposition est peut-être vraie !… Monsieur de Mauguet et lui ont pu acheter deux étuis