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L’abbé continuait de feuilleter son livre et semblait ne point prendre garde à la conversation. Mais à ces dernières paroles, soit hasard, soit intention, il regarda Marguerite. Elle rougit devant ce regard comme si elle se fût trouvée en face de sa conscience.

On eût dit d’ailleurs, à voir la contenance froide et indifférente de cette pauvre âme en peine, qu’elle attendait d’être seule, même pour penser sincèrement. Tandis que son mari préparait la table de jeu, elle reprit l’étui qu’elle avait d’abord posé négligemment sur sa corbeille à laine, et le contempla d’un œil devenu attentif ; il se trouva, en effet, que les ciselures en étaient jolies ; elle les fit miroiter à la lumière, puis machinalement elle l’ouvrit. Par bonheur personne ne la voyait en ce moment, car elle devint très-pâle, le referma vite et le mit dans sa poche… Il lui avait semblé voir au fond de l’étui un billet roulé…

Tout le temps que dura la partie de whist, Marguerite fut d’une distraction impossible à dissimuler. Elle se disait en vain : « C’est un morceau de papier Joseph placé par le marchand pour conserver le brillant de l’or ; ce ne peut pas être autre chose… » Elle ne parvenait point à dominer les trépidations d’impatience qui la secouaient, ni à empêcher ses yeux de se tourner à chaque instant vers la pendule pour regarder marcher les aiguilles.

Enfin, elle sonna l’heure de la retraite !… Que le curé fut long à faire ses adieux ! à mettre son manteau, à allumer sa lanterne ! que mademoiselle de Mauguet