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— Un charmant garçon d’ailleurs, que cet Emmanuel de Rouvré !

— Oui, dit Jeanne, il a de l’esprit, des connaissances ; il s’exprime bien, et je lui crois un estimable caractère.

— Si j’osais, ma tante, je dirais que vous venez de juger M. de Rouvré à la française, reprit Marguerite avec un sourire contraint. Vous avez cité d’abord l’esprit de M. de Rouvré, puis sa conversation ; enfin, vous ne vous êtes occupée de son caractère qu’en dernier lieu.

— Mais c’est toujours ainsi qu’il faut juger les gens, quand on en veut seulement faire une société passagère, dit le vicomte. Au fait, pour ce qui est de ses qualités sérieuses, ma chère Marguerite, nous nous en rapportons à vous, qui le connaissez de longtemps.

— Oh ! si peu !…

— Vous ferez donc plus ample connaissance, car je l’ai invité à diner pour demain.

— Au fond, reprit mademoiselle de Mauguet, je ne crois pas que vous en soyez fâchée, Marguerite, car il vous rappelle Paris et vos compagnes ; puis, vous qui aimez à vivre en imagination, vous devez écouter avec un vif intérêt ses descriptions des beaux pays chantés par les poëtes…

— Je crois que M. de Rouvré sera en effet d’une société fort agréable pour Charles, qui doit quelquefois souhaiter un peu plus d’animation dans notre intérieur, dit la vicomtesse en reprenant son travail.