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« Marguerite, seule à son rouet.

« Le repos m’a fuie !… hélas ! la paix de mon cœur malade, je ne la trouve plus, et plus jamais !…

« Quand je ne le vois pas, c’est la tombe ; le monde entier se voile de deuil !

« Ma pauvre tête se brise ; mon pauvre esprit s’anéantit !

« Le repos m’a fuie !… hélas ! la paix de mon cœur malade, je ne la trouve plus, et plus jamais !…

« Je suis tout le jour à la fenêtre, ou devant la maison, pour l’apercevoir de plus loin, ou pour voler à sa rencontre !… »

Elle repoussa du pied son métier à tapisserie, la rougeur lui monta au front, et une larme glissa sur sa joue.

— En suis-je donc là ? se dit-elle à demi-voix, avec un accent de colère et de douleur.

Elle demeura les yeux fixes, les bras pendants. Le tic tac monotone du balancier de la pendule, le pétillement éloigné de quelques étincelles, le bruit de la pluie sur les vitres, troublaient seuls le silence et semblaient le rendre plus sensible.

Enfin, un pas se fit entendre dans la salle à manger ; les chiens avaient grondé ; quelqu’un arrivait du dehors. La vicomtesse prêta l’oreille, mais aussitôt un nuage de contrariété passa sur son front. Sa longue habitude de la vie retirée et de l’observation lui avait appris à discerner immédiatement la démarche de