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III

Ce jour-là elle était seule au salon, tandis que le vicomte courait le pays à cheval, et que Jeanne surveillait ses travailleurs. Il faisait un temps pluvieux et froid, malgré le mois de mai. Deux tisons achevaient de brûler au fond de l’âtre ; elle travaillait à son éternelle tapisserie, en face de ce triste foyer ; et, de temps en temps, abandonnait son aiguille pour prendre un livre à côté d’elle. C’était le Faust qu’elle lisait pour la première fois. Mais, soit que le commencement n’eût pas assez surexcité son intérêt, soit que son esprit fût loin de sa lecture comme de son ouvrage, elle le continuait aussi distraitement que sa tapisserie.

Elle semblait vivre ailleurs que dans ce milieu. On eût dit qu’elle était à la fois inquiète et ennuyée, comme si elle eût vaguement attendu quelque chose d’inconnu.

Tout à coup ses yeux sans regards se fixèrent sur son livre ; elle relut deux fois la même page, et celle de ses mains qui tenait le livre trembla légèrement :