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suis qu’une provinciale novice et candide que l’on peut aisément fasciner…

« Il faudrait pourtant lui faire perdre cette idée et lui montrer que je ne suis plus une pensionnaire ; lorsqu’il n’est pas là, je sens bien que je pourrais lui tenir tête et le maîtriser peut-être ; mais sa présence me trouble, et il a une façon de me regarder qui m’interdit et me déconcerte. Voilà ce que c’est, aussi, que de vivre confinée à la campagne : on devient ridiculement timide !

« Après tout, cependant, il ne serait pas facile de lui répondre ! car si j’ai l’air de le comprendre, il peut, d’un regard froid ou d’un salut hautain, me faire sentir que je m’alarme à tort ; si je semble, au contraire, ne pas deviner le sens de ses paroles, il peut devenir plus hardi…

« Au reste, je m’occupe beaucoup trop de ce jeune militaire qui changera de garnison dans deux ou trois mois.

« Profitons de sa société, puisqu’elle est agréable, et ne lui laissons pas croire qu’il pourrait dire comme César : « Je suis venu, j’ai vu, j’ai vaincu ! »