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vivantes du règne des Mores à Cordoue, à Murcie, à Grenade. Grâce à certaines missions spéciales qui lui étaient échues, il avait pu parcourir l’Espagne et la Grèce plus en touriste qu’en soldat.

Le vicomte, vivement intéressé, eut des reparties heureuses et provoqua son hôte à de nouvelles descriptions. L’abbé Aubert mêla quelques considérations de haute politique sur les causes de la guerre d’Espagne, à la causerie pittoresque du jeune lieutenant. Jeanne fit remarquer le rôle différent qu’avait joué la France en Espagne et en Grèce. Elle jugeait défavorablement cette dernière expédition et ne pouvait s’empêcher de la comparer à la guerre d’Amérique, d’où nous revinrent tant de ferments démocratiques. — La France, dit-elle, joue un jeu dangereux pour elle en portant la liberté chez les autres nations… J’ai peur qu’elle n’ait encore lieu de s’en repentir…

— Peut-être, mademoiselle, reprit Emmanuel, est-ce son rôle nécessaire ; peut-être ne peut-elle pas échapper à cette mission de gloire et de dévouement.

— Il semble, en effet, dit le docteur, lorsque la France prête l’appui de ses armes au parti de l’autorité, qu’elle marche à l’encontre de sa destinée…

— Beaux principes, en vérité ! s’écria Charles de Mauguet. Est-ce vous que j’entends, monsieur Margerie ? La France doit bel et bien ranger à leur devoir les peuples qui se mutinent, et n’a que faire d’aller propager les doctrines révolutionnaires… mais il s’agissait, en Grèce, de défendre la civilisation contre la