Page:Cadiot - Jeanne de Mauguet.djvu/179

Cette page n’a pas encore été corrigée

— Peut-être qu’il n’est pas venu, dit-elle tout à coup, à demi-voix et comme pour répondre à ses propres pensées.

— Qui ? le frère de votre amie ? demanda Jeanne en pliant le journal qu’elle lisait et en levant les yeux vers sa nièce en manière d’interrogation.

— Oui… M. de Rouvré, répondit Marguerite qui devint rouge.

— Et pourquoi cela ?… S’il n’avait pas pu venir ce matin, au rendez-vous de Charles, il l’eût probablement envoyé avertir hier ; d’ailleurs, qu’importe ?

Qu’importe ?… Ainsi, voilà tout ce qu’en pensait Jeanne… Oui, en effet, qu’importait que le lieutenant vint ou ne vînt pas ? C’est ce que se demanda Marguerite tout en battant fiévreusement la mesure du bout de ses doigts sur les vitres du salon.

— Mais, dit-elle, après une nouvelle attente de dix minutes qui lui compta bien pour une heure, comment se fait-il que M. de Mauguet, ordinairement si exact, soit en retard d’une demi-heure ?…

— Ils se seront acharnés à la poursuite de quelque gibier qui les aura menés loin. Faites sonner un quatrième coup.

La conversation tomba encore entre les deux femmes. Mademoiselle de Mauguet avait repris sa lecture.

La vicomtesse sortit et alla elle-même secouer la cloche à toute volée ; puis elle fit quelques tours sur la terrasse et rentra en murmurant :