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donnaient à toute sa personne un grand air de jeunesse et de simplicité.

Le vicomte et son nouvel ami s’étaient rencontrés dès le matin au carrefour de la grande route et du chemin vicinal. Ils chassèrent au lapin, la seule chasse permise en cette saison ; puis, comme il faisait beau temps, ils prolongèrent leur promenade à travers les bois et les champs de Mauguet. Le vicomte montrait à Emmanuel ses plus belles prairies, et lui expliquait les vastes travaux entrepris et menés à fin par sa tante. Tout en causant et en marchant, ils s’éloignèrent du château, et quand la cloche du dîner sonna, ils ne répondirent pas à l’appel.

Pourquoi donc Marguerite quitta-t-elle son ouvrage avec impatience ? pourquoi, après avoir rajusté devant une glace les boucles de ses cheveux, se promena-t-elle dans le salon comme si elle n’avait pu tenir en place ? puis s’arrêta-t-elle aux fenêtres pour regarder dans la campagne ? Quelle inquiétude étrange la possédait ?

Était-ce la préoccupation jalouse d’une maîtresse de maison scrupuleuse à propos d’exactitude, et mise hors d’elle-même par le moindre dérangement aux habitudes établies ? — Mais la vicomtesse s’occupait peu de ces détails, et souvent l’appel de la cloche la surprenait elle-même en un lieu éloigné ; ce ne pouvait être non plus la crainte que sa tante ne s’offensât d’un moment de retard, car mademoiselle de Mauguet était la patience même.