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Enfin, avant de se coucher, elle prit son manuscrit comme elle avait accoutumé de le faire et écrivit :


« 25 avril 1829.

« Aujourd’hui il m’est arrivé, de la part de Pauline de Rouvré (madame Milleret), un de ses frères qui se trouve en garnison à Limoges. C’est un jeune homme de bonnes façons, mais d’ailleurs assez impertinent. Mon mari l’a invité à venir chasser avec lui, mardi. Je prévois qu’il sera assez souvent notre commensal ; M. de Mauguet s’engouera de lui par le besoin qu’il a de trouver une société. »


Comment sa conscience ne lui cria-t-elle pas : — Tu n’es pas de bonne foi avec toi-même : prends garde !

Le mardi suivant, elle passa toute la matinée à essayer ses robes. Laquelle était la plus convenable ? Fallait-il recevoir M. de Rouvré en toilette négligée, comme on reçoit un ami de la maison ; ou en toilette de cérémonie, comme on reçoit un invité extraordinaire ? Elle mit d’abord une robe de taffetas changeant et se trouva vieillie ; puis une robe d’organdi blanc et craignit de paraître trop élégante ; — aux yeux de M. de Rouvré ? — non : mais à ceux de sa tante et de son mari.

Enfin, elle se décida pour une redingote de guingamp rose qui lui dessinait admirablement la taille, et pour une collerette et des manchettes plissées qui