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au pays des rêves que dans le salon de Mauguet. D’ailleurs, comme il ne faut pas affecter trop de modestie, je vous dirai que je suis fort habile à la tapisserie, et que j’aurai bientôt terminé un meuble complet pour ce même salon. Nous voyons peu de personnes étrangères au petit cercle que je viens de vous décrire ; ce sont de vieux amis de la famille qui habitent Limoges ou des propriétaires voisins qui apparaissent trois ou quatre fois l’an ; les curés des communes limitrophes, enfin quelques cultivateurs dont ma tante ne dédaigne pas les lumières. On joue tantôt le whist, tantôt aux dominos, quelquefois au loto même, selon les joueurs. Vous voyez quelles distractions vous pourrez trouver dans notre société… où vous serez d’ailleurs le très-bienvenu.

— J’userai de votre autorisation pour y venir aussi souvent que je pourrai le faire, sans être indiscret, madame ; et si vous parlez peu, comme vous me l’avez fait craindre, je tâcherai de deviner et de suivre les pensées de votre esprit tandis que vos doigts broderont le canevas. Si cela peut vous plaire même, j’essayerai quelquefois de vous faire voyager en imagination dans les sierras, à la suite de l’armée française et de monseigneur le duc d’Angoulême. Je ferai comme les vieux colonels en retraite, je vous raconterai mes campagnes.

La vicomtesse retint Emmanuel à souper pour le présenter à sa tante et à son mari ; d’ailleurs il n’est guère d’usage, à la campagne, de laisser partir un visi-