Page:Cadiot - Jeanne de Mauguet.djvu/167

Cette page n’a pas encore été corrigée


II

Quelques mois après, Marguerite était assise au bord de l’étang, sur un banc de gazon, avec une broderie sur les genoux et une lettre à la main. Elle lisait et relisait cette lettre en s’interrompant de temps à autre pour regarder son fils, le jeune Pierre, qui s’amusait à faire naviguer sur l’eau une barque de roseaux. C’était un bel enfant, agile et bien découplé, à la physionomie intelligente et résolue. La mère le regardait avec tendresse ; mais il était aisé de voir en ce moment qu’elle avait une vive préoccupation et qu’elle portait les yeux du côté de l’étang par assujettissement à ses devoirs de surveillance maternelle et non par contemplation enthousiaste.

— Comment se fait-il que Pauline continue à m’écrire deux ou trois fois l’an ? se demandait-elle ; nous étions bonnes amies au couvent, mais, au demeurant, je n’ai jamais été beaucoup plus liée avec elle qu’avec bien d’autres, qui ne me donnent plus signe de vie depuis longtemps… Je ne puis rien pour elle… nous ne nous reverrons probablement jamais… Quel intérêt trouve-t-elle à noircir de temps à autre deux ou trois