Page:Cadiot - Jeanne de Mauguet.djvu/164

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

chair. Les châtaigneraies, plantées de jeunes arbres, rendaient énormément. Dans les terres les plus fortes et les mieux défoncées, celles qui avoisinaient le château ou les métairies, Jeanne avait fait planter force poiriers, d’après l’avis de madame Margerie. Le climat de cette partie du Limousin est particulièrement favorable aux poiriers qui donnent des fruits énormes et excellents. La femme du médecin qui s’occupait beaucoup de son verger, comme on sait, l’avait remarqué. Les poires récoltées à Mauguet étaient si belles, qu’on en tirait un grand profit en les vendant à Paris, aux marchands de comestibles. Enfin, tout se trouvait mis en valeur et dans cet état florissant qu’entretient l’œil du maître.

Depuis vingt-cinq ans, Jeanne avait fait de cette entreprise le but de sa vie. Chaque jour elle avait veillé à l’aménagement de ses bois, à l’amélioration de ses prairies, à l’ensemencement de ses terres, au gouvernement de ses cheptels. Elle en était venue à connaître parfaitement la qualité de ses terres et leurs ressources. En se passionnant pour son œuvre, elle y consacrait toutes les forces de son intelligence. Aussi pouvait-elle prévoir alors que vingt ans plus tard, si on continuait le même système d’administration, Mauguet serait une des belles terres de France.

Et lorsqu’elle entrevoyait ce résultat, elle pensait à son petit neveu et se disait : — À lui l’avenir !

Pour elle comme pour certains grands parents, les intermédiaires n’existaient pas. Elle s’était dévouée, et