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M. Maurel avait changé la face des terrains. Plus de la moitié des landes à fougères étaient devenues des terres arables ; et sur celles qui ne produisaient que des ajoncs et de la bruyère, s’élevaient des taillis dont quelques-uns avaient déjà donné deux coupes, ou de jeunes futaies qui promettaient pour l’avenir de beaux pins du Nord, des hêtres, des bouleaux, etc.

M. Maurel et le docteur avaient surtout conseillé à Jeanne de planter des arbres et de faire des prairies. « — Un peuplier, disait l’ingénieur, quand on le plante coûte un franc, tous frais compris. Vingt ans après, il vaut vingt francs. Quant aux prairies, elles sont difficiles à établir ; mais une fois bien aménagées, elles ne coûtent plus d’entretien et peuvent rapporter de deux à trois récoltes par an. Le Limousin n’est pas un pays de culture. Il faut surtout viser aux produits qui ne demandent ni semailles, ni labours ; et puis, qui a beaucoup de prairies peut avoir beaucoup de bestiaux, et les bestiaux sont la source de toutes les richesses rurales. »

C’est ainsi que, grâce à la direction et à la division des cours d’eau et à des soins persévérants, les pâturaux et les halliers étaient devenus de grasses prairies bordées d’un double rang de peupliers, et que les domaines regorgeaient de bestiaux. Les landes non encore défrichées, ou celles que l’aridité du sol défendait absolument contre la culture, nourrissaient d’immenses troupeaux de ces petits moutons du Limousin qui sont renommés pour la finesse savoureuse de leur