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guet donna le signal de la retraite en se levant pour aller tirer un coup de sonnette. Le vicomte couvrit le feu, Marguerite rangea les cartes, les jetons, les fiches et les contrats dans la boîte de jeu, pelota ses laines, roula sa tapisserie et le tricot de sa tante.

Myon répondit au coup de sonnette de sa maîtresse. C’était alors une massive duègne dont l’importance passée n’avait point diminué, au contraire. Avec l’âge, elle devenait de plus en plus trapue et de plus en plus gourmée. Mais son dévouement ne s’était pas démenti un seul instant, et elle avait puissamment aidé Jeanne à reconstruire la fortune de la famille. Elle exerçait une sorte de surintendance sur toute la domesticité de Mauguet et présidait aux mille détails auxquels sa maîtresse ne pouvait accorder son attention.

Jeanne lui demanda si le métayer Andrau était revenu de la foire de Conore, s’il était satisfait de ses marchés ; puis elle ajouta quelques autres questions touchant les affaires d’intérieur et quelques ordres pour le lendemain.

Cela fait elle tira un second coup de sonnette et tous les domestiques arrivèrent en même temps, qui en chaussons, qui en sabots, qui pieds nus. Les hommes tenaient leur bonnet de laine à la main et les femmes relevaient les coins de leur tablier de travail en signe de respect. Il y avait bien une douzaine de personnes, tant bouviers et bergers que filles de cuisine et basse-cour.