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dehors : — Le vicomte Charles peut avoir un fils.

Mademoiselle de Guéblan sortait du couvent lorsque le vieil ami de Jeanne la rencontra, dans le monde parisien. Elle lui parut plutôt bien que mal, ni spirituelle ni sotte, d’un caractère facile et doux qui se pourrait aisément façonner ; enfin, telle qu’il fallait pour ne pas sentir trop vite l’inconsistance de son mari, et pour suivre la voie que lui tracerait sa tante.

Elle était orpheline, mais d’une excellente famille, et sa dot se trouvait convenable. Charles, mandé à Paris pour la voir et la connaître, en fut satisfait et ne tarda pas à lui plaire. Trois mois après, il ramenait sa jeune femme à Mauguet où elle était destinée à passer sa vie.

Jeanne partagea sans doute l’opinion de Louis Thonnerel sur sa nouvelle nièce. Elle lui trouva quelques principes religieux qui venaient du couvent, et de la bonne volonté. C’était tout ce qu’il fallait, pensait-elle ; car, dans un singulier oubli de son esprit si juste et si prévoyant, Jeanne confondit naïvement Marguerite avec le vicomte Charles, comme s’ils eussent été un seul personnage. Elle les considéra tous deux comme des intermédiaires, et ne songea pas un instant que la jeune femme était une individualité nouvelle dans la famille, qu’elle pouvait avoir un esprit indépendant, une imagination vive et un cœur avide de passion. D’ailleurs, les rêves qui tourmentaient alors l’âme des femmes romanesques étaient inconnus au temps de la jeunesse de Jeanne ; ils dataient du commencement du