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perfections de détail ; une peau d’une blancheur de nacre, des cheveux châtains d’une abondance rare, une taille souple et gracieuse, des pieds mignons, des mains blanches et fines.

Toutes ces beautés s’étaient développées peu à peu et sans éclat. Lorsque le vicomte de Mauguet avait épousé mademoiselle Marguerite de Guéblan, elle était maigre, elle avait les mains rouges, et on disait d’elle : « C’est une personne ordinaire. » Son mari l’avait acceptée pour telle, et, comme presque tous les maris, il ne s’était point aperçu du développement heureux de sa femme.

Ce mariage avait été fait par Louis Thonnerel qui habitait Paris, où il était devenu avocat général sous Napoléon et conseiller d’État sous Louis XVIII.

Le temps, en changeant la nature de son affection pour Jeanne, n’avait point diminué son attachement. Il ne s’était point fait de famille à lui, parce qu’il regardait comme sienne celle de son amie, et tous les ans, aux vacances, il venait passer quelques semaines en Limousin.

Jadis il s’était plu à donner aussi quelques soins à l’éducation de Charles de Mauguet ; mais il avait vite reconnu qu’il semait la bonne graine sur le rocher où elle pousse vite, dans une mince couche d’humus, pour se dessécher plus vite encore.

Le premier il avait dit à Jeanne, un jour, en lui voyant des larmes dans les yeux, parce qu’elle découvrait la nullité réelle de son neveu sous ses brillants