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Ce fut Myon qui l’annonça, bien convaincue que sa maîtresse ne le recevrait pas, et toute prête à lui porter quelque réponse humiliante.

Au milieu de la joie générale qui l’entourait, Jeanne entendit l’annonce de cette visite comme un coup de cloche de malheur. Cependant elle se contint et répondit simplement :

— Faites entrer.

Myon stupéfaite fit néanmoins quelques pas, comme pour obéir, puis elle s’arrêta sur le seuil de la porte et se retourna.

— Pardon, dit-elle, mais… est-ce que mademoiselle se fera marier par cet intrus ?

— Myon, répondit Jeanne avec un triste sourire, ne savez-vous pas que la loi française est ainsi faite maintenant, qu’un mariage n’est plus valable s’il n’a été contracté devant le maire !

— Ah ! mademoiselle, mademoiselle, est-ce bien vous que j’entends parler ainsi !…

— Et que voulez-vous donc que je dise, Myon ?

— Savez-vous, mademoiselle, que Maillot a osé vous appeler, sur sa pancarte, la citoyenne Mauguet ?

— Eh bien ! Myon ?

— Hélas ! mon Dieu ! hélas ! mon Dieu ! reprit la servante, en levant les bras au ciel.

Mais le caractère ferme de Jeanne avait accoutumé Myon à ployer ; elle tourna les talons et introduisit le maire en grommelant.

Le jour de Pâques, en revenant de la messe, Jeanne