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Il y eut un moment de silence. Jeanne ne pouvait pas, ou n’osait pas parler. Louis avait tout dit, et il attendait.

Tout à coup il se redressa et fit quelques pas en arrière. Sa fierté se cabrait devant ce silence.

— C’est fini, se dit-il ; une minute encore… et je dois partir sans ajouter un mot.

La minute s’écoula. Il marcha résolûment vers la porte ; mais avant de la franchir il se retourna. Jeanne le regardait s’éloigner et fixait sur lui des yeux pleins d’angoisse.

Il revint, et cette fois se mit à genoux.

— Vous le voyez, je suis lâche, dit-il simplement.

Jeanne ne put retenir ses larmes. Elle était rendue.

— Eh bien ! s’écria-t-elle en jetant ses deux bras autour du cou de Louis, et en le baisant au front, allez dire à l’abbé Aubert qu’il nous mariera dans trois semaines… Adieu, Louis, je vous aime !…


Quinze jours après, on entrait dans la semaine de Pâques et madame Margerie essayait à Jeanne ses atours de mariée.

Le citoyen Maillot, qui se drapait trois fois par jour dans son écharpe et s’exerçait devant une glace à bien jouer son rôle de maire, trouva convenable de venir faire une visite à Mauguet, pour annoncer que les bans publiés par le curé étaient affichés à la porte de la maison commune, c’est-à-dire à la porte de sa maison à lui, qui servait de mairie.