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Jeanne, enveloppée de sa pelisse, se promenait de long en large sur la terrasse. Évidemment elle était en proie à une obsession ou à une préoccupation puissante ; on le voyait à l’agitation de sa démarche, tantôt lente, comme celle d’une personne qui médite profondément, tantôt pressée, comme celle d’une personne qui s’efforce de tuer une idée fixe par la fatigue.

— C’est l’heure, se dit-il ; dans un instant peut-être elle aura résolu le problème entre les sollicitations de son cœur et les vains scrupules de sa conscience…

Quitter le tronc de l’acacia, franchir en couvant la distance qui le séparait encore de sa maîtresse, l’étreindre dans ses bras et en obtenir une promesse sacrée, devint alors pour Louis une tentation vertigineuse à laquelle il se sentit hors d’état de résister.

Sa volonté, vaincue par le désir, ne le dominait plus. Ses jambes quittaient malgré lui la place où il les avait fixées.

Tout à coup, par un dernier éclair de raison et par un suprême effort, il s’élança en arrière, et, sans crainte d’éveiller l’attention de Jeanne par le bruit de sa course, il regagna le bois, détacha son cheval, sauta en selle, tourna l’étang par le chemin vicinal en un temps de galop, gagna la grand’porte du château et frappa.

Quelques, instants s’écoulèrent ; puis Jeanne vint elle-même accompagnée d’un domestique.

— Qui est là ? demanda le domestique de l’intérieur de la cour.