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d’une famille opulente, aujourd’hui éteinte ou dispersée.

Ces trois personnages, qui semblent sur la terrasse de ce château en ruines comme les débris d’un naufrage sur le pont d’un navire démâté, se retrouvent avec une vraie joie après la tourmente. Ils oublient un instant les décombres et les morts pour ne penser qu’à l’avenir. Les plus jeunes, surtout, ouvrent leurs âmes à l’espérance. Ils se savent riches d’avenir, tandis que les épreuves les ont faits, avant l’âge, riches d’expérience ; deux fortunes qui se trouvent bien rarement réunies.

Le quatrième hôte de mademoiselle de Mauguet est un jeune homme qui semble prendre un vif intérêt aux souvenirs évoqués à chaque minute par le curé et le médecin.

Il s’appelle Louis Thonnerel, et vient d’avoir vingt-six ans. Après avoir fait son droit à Poitiers, et son stage à Paris, il est revenu à Limoges, dans sa famille. Quoique bien jeune, il a déjà acquis une certaine notoriété comme avocat consultant ; son esprit vif, juste, précis, l’a fait distinguer à Paris par quelques jurisconsultes influents. Il connaît tous les textes et toutes les coutumes, et nul ne sait, comme lui, élucider une question et découvrir le bon droit au milieu du fatras des procédures et de la poussière des parchemins. Il vient de contribuer à faire rendre à Jeanne de Mauguet le château paternel et quelques lambeaux de sa fortune ; aussi, contemple-t-il avec une satisfac-