Page:Cadiot - Jeanne de Mauguet.djvu/125

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

lutionnaire rend bien souple, a cru devoir faire un pareil marché, qu’elle paye ! C’est le dernier point d’honneur de la noblesse !

« Quant à moi, malgré tout ce que vous dites pour m’y engager, je n’irai point assister à ces noces étranges. Je ne rentrerai en France qu’avec le roi, comme je n’attendrai que de lui la reconnaissance de mes droits et le rétablissement de ma fortune.

« Recevez, d’ailleurs, mon cher curé, l’assurance de tous mes bons sentiments pour vous.

Vicomte Raoul de Mauguet. »

À la lecture de cette lettre, Jeanne pleura. Sa courageuse nature succomba sous le double poids du chagrin et de la colère. D’une part, elle sentait son âme tout entière se révolter contre le mépris que son frère osait marquer pour l’homme qu’elle avait choisi ; de l’autre, elle voyait toutes les espérances auxquelles son cœur s’était attaché depuis quelques mois s’écrouler comme d’irréalisables châteaux en Espagne.

L’abbé Aubert, toutefois, s’efforça de la réconforter.

— Le vicomte a tort, de toutes les manières, dit-il ; ne vous laissez point abattre par une boutade de gentilhomme offensé. Allez droit devant vous, sans vous retourner : vous marchez dans votre devoir. Si le vicomte de Mauguet, aveuglé par des préjugés qu’il entretient dans l’exil, juge aujourd’hui défavorablement votre mariage, il l’absoudra demain, quand il sera re-