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d’après l’avis du savant ingénieur. Alors les longues promenades entièrement consacrées à des levées de plan et à des études agricoles n’étaient plus dangereuses ; mais, au contraire, elles réconfortaient le courage et la vertu de Jeanne, qui trouvait dans chaque nouvelle entreprise un aliment pour son activité dévorante.

Les premiers mois de l’hiver devinrent ainsi les plus heureux de sa vie. D’une part, elle entrevoyait le rétablissement de la fortune de sa maison, non plus seulement connue un rêve, mais comme une réalité lointaine, à laquelle chaque jour qui s’écoulait donnait un gage de certitude ; de l’autre, elle laissait son cœur s’ouvrir à toutes les espérances du bonheur intime. Et puis il y avait pour elle, comme pour les amis qui l’entouraient, un charme étrange à cette vie tranquille et recueillie qui succédait à toutes les agitations. C’est après la lutte qu’on savoure bien les jouissances de la paix.

Peut-être les amateurs de romans tragiques trouveront-ils ce récit de la vie et de l’amour de Jeanne bien dénué de péripéties : mais qu’on se reporte, par la pensée, à cette époque encore tout émue des fièvres révolutionnaires ; qu’on se représente ces existences brusquement déclassées, longuement éprouvées par l’adversité, bouleversées par la terreur, se retrouvant enfin avec le calme pour le présent et l’espérance pour l’avenir. Alors les âmes tendres trouvaient sous les voûtes des églises ruinées une poésie pleine d’attraits, et