— Vous êtes bonne, Jeanne, mais je ne suis pas un ingrat, je vous le prouverai par ma vie entière !…
— Ne dites pas cela, Louis ! car si j’accepte votre main, c’est moi qui contracterai envers vous une éternelle reconnaissance !
— Oh ! quel mot !… Laissez-vous aimer seulement, ma belle, ma noble, mon adorable fiancée… et je serai dix fois payé !
— Louis, reprit vivement mademoiselle de Mauguet, qui sentait le vertige d’amour la prendre au cœur, Louis, ne me parlez pas ainsi. J’aurais peur, vous dis-je, de nos tête-à-tête… et… je ne veux pas avoir peur ! Vous me rendez trop heureuse !
Elle inclina la tête sur l’épaule de son amant, et ferma les yeux à demi, comme pour mieux savourer son bonheur. Louis soutenait doucement sa taille, sans l’étreindre, de peur de troubler cette chaste et bienheureuse ivresse. Tous deux marchaient lentement, le long d’un étroit sentier. Le jour baissait ; le brouillard devenait plus dense ; les tours de Mauguet se dessinaient à peine derrière les arbres dépouillés ; mais, à travers cette brume, leurs yeux noyés de bonheur semblaient entrevoir le paradis, comme à travers un voile.
Ils atteignirent et traversèrent la haute futaie. Les bûcherons étaient partis, et leurs coups de cognée ne troublaient plus le silence. Louis, toujours attentif à ne point éveiller Jeanne de son extase, prit soin d’éviter les endroits où gisaient à terre les arbres abattus. C’est