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de Louis pour l’empêcher de continuer. Il saisit cette main à son tour et la baisa longuement. Jeanne la lui abandonna sans trouble et sans coquetterie, mais après un silence, pendant lequel tous deux entendaient les battements de leur cœur, elle se dégagea et s’écria tout à coup, comme pour éviter de dangereuses pensées :

— Je vous invite à souper, et je ne sais seulement pas si je pourrai faire honneur à ma parole ! La chère n’est pas toujours abondante à Mauguet, et Myon ne compte point sur vous !… Je crois, mon ami, que nous ferons bien de songer un peu nous-mêmes à notre menu et de ramasser quelques champignons.

— Si j’avais pu prévoir la fortune de ce souper, reprit Louis, j’aurais apporté mon fusil. Voilà un temps tout à fait propice à la chasse, et, si je ne me trompe, il doit y avoir des bécasses sur l’étang des landes. Ah ! quel plaisir j’aurais eu, Jeanne, à aller conquérir notre premier repas commun !

— Eh bien ! la prochaine fois, je compterai sur votre adresse pour trouver le rôti !

— Demain ?

— Non, dans huit jours… C’est trop, déjà, Louis, pour un engagement qui n’est pas irrévocable…

— Dans huit jours donc, puisque vous le voulez. Je ne chercherai point à violenter votre cœur, je compte trop sur sa pitié… oserai-je dire sur sa tendresse ?

— Vous savez bien que je suis heureuse de ce qui vous rend heureux, Louis !