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pour mettre dans leur vie un relais de jeunesse et de joie, un souvenir d’amour pur et entier, quoi que dût leur garder l’avenir.

La nature, pourtant, semblait plutôt devoir inspirer la mélancolie que la joie. On était arrivé aux dernières journées de l’automne, le soleil ne perçait plus qu’à peine les brouillards du Limousin ; les dernières feuilles roulaient emportées par le vent ; les landes s’étendaient comme de sombres tapis coupés, çà et là, de flaques d’eau qui reflétaient un ciel clair. Plus de fleurs roses ou jaunes à la bruyère ou aux ajoncs ; rien que les teintes brunes de la terre et de la mousse autour des roches grises. La cime des arbres seulement recevait, par intermittences, de rouges reflets de soleil, tandis que les coups de cognée, qui abattaient la haute futaie, scandaient le silence d’intervalles inégaux.

Que leur importait ?… Les fêtes du cœur ne revêtent-elles pas toujours les choses extérieures du plus splendide manteau ? Et, lorsque notre âme chante le cantique d’actions de grâces, ne nous semble-t-il pas que la nature est pleine de fleurs, de lumières et de parfums, comme un jour de Fête-Dieu ? C’est ainsi que Jeanne et Louis trouvaient au brouillard des teintes d’opale, aux landes noires de chatoyants reflets, aux teintes lilas du ciel des lueurs dorées, à toute la campagne une poétique harmonie.

Ils s’aimaient et n’entendaient pas les coups de hache. Ils parcouraient les chemins défoncés et les