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mobile de votre vie, se hâta de dire l’abbé Aubert pour répondre à un énergique regard de Jeanne ; l’intérêt de votre maison, dis-je, est que vous vous en fassiez le chef, et que, par conséquent, vous viviez dans le monde.

— Mais, ne peut-on vivre dans le monde et garder le célibat ? Si je me marie, je devrai me dévouer à mon mari, et non plus à mon frère et à ses enfants. Je puis avoir des enfants moi-même. De quel droit les déshériterais-je ? D’ailleurs, mon mari y consentirait-il ?… Et puis, je serais donc mauvaise épouse et mauvaise mère, si je ne voulais être mauvaise sœur ?… Non, non, mon ami, reprit-elle héroïquement, je ne saurais chercher une famille nouvelle, si je veux être fidèle à cette loi de dévouement qui devait faire de moi jadis une religieuse et qui doit aujourd’hui en faire la douairière de Mauguet !

— Louis a compris tout cela, ma chère Jeanne… Il ne prétend point vous enlever à des devoirs qu’il estime. Il connaît le but de votre vie, et il veut, non pas vous en détourner, mais y courir avec vous. — Dites bien à mademoiselle de Mauguet, m’a-t-il répété plusieurs fois, que je me ferai l’homme d’affaires de son frère, comme elle s’en est faite l’intendante, et que, quant à mes enfants à moi, je saurai leur gagner un patrimoine à force de travail et d’énergie…

— Cher Louis !

— Considérez, poursuivit l’abbé, que votre frère