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— Vous les connaissez aussi bien que moi ; je ne vous les exposerai point. Votre nom, votre position vous imposent des devoirs qui ne sont point ceux de tout le monde et que le mariage changerait…

— Oui, oui, je le sais, dit-elle d’une voix entrecoupée par l’émotion. Je ferai mon devoir, ajouta-t-elle en essayant de mettre de la fermeté dans son accent.

Mais, malgré tous ses efforts, elle ne put retenir une larme, qui descendit lentement le long de sa joue.

— Non… reprit l’abbé Aubert en lui serrant affectueusement la main ; non, ma chère amie, ma chère sœur !

Elle le regarda avec une expression d’étonnement.

— J’ai bien réfléchi, continua le prêtre, et j’ai vu que vous pouviez, que vous deviez même accepter ce mariage.

Jeanne ne répondit pas, mais elle continua de regarder Sylvain Aubert avec des yeux fixes et interrogateurs.

— Oui… les positions et les temps sont changés. Autrefois, l’intérêt de votre famille exigeait que vous prissiez le voile. Dès le berceau, vous aviez été destinée au cloître, et, dans l’organisation sociale qui existait alors, vous n’auriez pu résister à cette loi de famille sans manquer en quelque sorte à vos devoirs de fille et de sœur. Aujourd’hui, au contraire, l’intérêt de votre maison, qui est, je le sais, le premier