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ment comme des fossés naturels autour du manoir. Des arbres touffus entourent les étangs, montent le long des rampes escarpées, et se massent derrière les tours.

Ces bâtiments, demi-rustiques et demi-féodaux, sont situés au milieu d’un des paysages les plus accidentés du Limousin. Des montagnes, aux sommets couverts de landes et de bois, des vallées profondes, des roches d’un gris bleuâtre, entre lesquelles s’élancent de maigres bouleaux et de sombres touffes de genêt, des ravins qui serpentent, tantôt en cascade sur les roches, tantôt en méandres verdoyants au milieu des prés, qui creusent leur lit dans les châtaigneraies, entre deux rebords de mousse, ou se divisent en rigoles pour arroser les champs de seigle et de blé noir, les entourent de toutes parts.

Au mois d’octobre de l’année 1803, Mauguet était loin d’offrir l’aspect prospère qu’il a aujourd’hui. Au contraire, le manoir semblait tomber en ruines, tant les murailles étaient noires, les toitures effondrées, les fenêtres disjointes et privées de vitres. Les grands arbres, ébranchés par les cognées insouciantes ou maladroites, secouaient leurs feuilles jaunies sur les terrasses à demi éboulées ; les étangs, encombrés de nénuphars et de joncs, s’étendaient dans la vallée et y formaient des flaques d’eau noirâtre : les landes déployaient, jusqu’aux murs du château, leurs tapis d’ajoncs et de bruyères.

C’est que, dès les premiers jours de la révolution.