« C’est vrai, dit-il, et pour toi qui as une famille qui paierait, je comprends que la partie de cartes avec un grec, comme tu dis, t’effraierait… perdre cinquante ou cent mille francs… »
Malinvault fit un bond.
— … Ou même une vingtaine de mille, poursuivit Château-Gaillard ; oui, je comprends, quand on a une mère et des sœurs, et que l’on se dit : « autant de prélevé sur leur douaire et sur leur dot… »
– Et puis, il ne faut pas soi-même entamer trop son patrimoine, reprit Malinvault, qui sous la soif des jouissances parisiennes gardait le fond de la prudence provinciale.
Château-Gaillard regarda Malinvault et l’évalua d ’un coup d’œil.
— Ah ! dit-il, certes ce serait gentil ! trouver moyen de s’amuser un brin, sans qu’il en coûtât rien ni à papa ni à maman, ni aux sœurettes ni à soi-même…
— Hai !
— Mais ce serait… embêtant… de laisser une ferme sur le tapis vert de Lolla ou d’Ismérie…
— Voilà.
— Pour moi, c’est différent. Peu me chault des chevaliers d’industrie, car je m’écrie avec Regnard :
Tu peux me faire perdre, ô Fortune ennemie !
Mais, me faire payer, parbleu ! je t’en défie !
— À la bonne heure ! et puis, avec ta martingale, au besoin tu pourrais promptement t’acquitter…
— Ah ! oui, ma martingale ! tu voudrais bien la connaître, hein ?