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— Mais tu me les rendras à ton premier oncle. Va, ne t’en occupe pas quant à présent : les voici. Et n’ouvre pas de grands yeux comme cela. Vois-tu, mon cher, c’est surtout quand on a n’a pas dix louis par mois à soi qu’il vous vient suffisamment de génie pour en trouver cent.

— Mais tu travailles donc ? tu fais des affaires ?…

— Fi !… à mon âge ? Les affaires seront pour plus tard.

— Alors ?

— Ne vas-tu pas t’imaginer que je fais de la fausse monnaie ? Allons ! j’ai terriblement de longanimité avec toi. Mon tuteur, d’abord…

— Mais tu es brouillé avec lui.

— Oui, nous avons eu quelques mots vifs quand j’ai pris mon vol… Dam ! il persiste à demeurer dans son immeuble : — une bicoque sise rue Rousselet ! mais n’importe, il m’envoie une misère ; deux cents francs par mois. Puis… il y a par le monde une fée qui s’intéresse à moi : fée-marraine sans doute, qui de temps en temps fait pleuvoir dans mon gousset une manne bienfaisante…

– Belle, la fée ?

— Je ne l’ai jamais vue.

— Amour et mystère… Ah ! que n’ai-je moi aussi une fée marraine !…

– Peuh ! cent écus qu’elle joint, en moyenne, aux dix louis de M. Mériot sont pour mes besoins une maigre provende… Heureusement que j’ai le jeu qui paie bien ses redevances.

– Diable ! mais… tu gagnes donc toujours ?