moustaches avaient poussé, et une fine royale faisait ressortir la courbe de sa lèvre inférieure. Sa tenue était d’une superlative élégance ; ses façons, en même temps affables et hautaines, polies et impertinentes.
Qu’on n’aille point se récrier : c’est peut-être toute la science de la plupart des hommes qui s’imposent à leurs égaux, que de mélanger habilement ces contraires ; de les doser avec tact, de les employer tour à tour et à propos.
À quelques pas, sur la chaussée, un groom tenait les guides de son élégant tilbury.
De temps en temps il recevait des saluts et les rendait : ce n’était rien, la main au chapeau seulement ; et pourtant, pas un de ces saluts n’avait le même accent. Paul de Malinvault, lui, était un fils de famille comme on dit ; vingt-cinq ans à peu près. Ses parents l’avaient envoyé à Paris pour y faire « ses folies » pendant un an, avant de le marier ; il y en avait déjà deux qu’il les faisait assez chèrement, et comme on l’a vu, ce n’était pas précisément encore l’envie de la retraite qui le tenait.
— Mais, reprit-il, après un court silence, toi qui n’as pas les cinq cents francs par mois de ta famille…
– Ah ! tu y reviens !…
— C’est que…
– C’est que tu es décavé, et que tu ne sais où donner de la tête, n’est-ce pas ?
– Juste : Antonia dépense…
— Veux-tu dix louis ?
– Mais…