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de végéter comme je fais avec les infortunés cinq cents francs par mois que m’octroie ma famille…

— Si j’avais une famille qui me donnât cinq cents francs par mois… reprit en hochant la tête Jean de Château-Gaillard.

– Eh bien ?

— De deux choses l’une : ou je vivrais modestement et je joindrais les deux bouts ; puis je me marierais, et je deviendrais en mon castel du Poitou un bon gentilhomme campagnard, et c’est pour toi ce que tu aurais de mieux à faire…

— Ou ?

— Ou j’en dépenserais cinq mille, je me ferais mettre à Clichy, je ruinerais ma famille et je deviendrais un jour millionnaire.

– Euh ! comprends pas !

– J’en étais sûr.

— Veux-tu un troisième parti ?… Je vivrais avec un louis par semaine, et je jetterais le reste sur un tapis vert… dans l’espoir de le quintupler.

— Les jeux sont supprimés.

— Enfant !

Ce dialogue avait lieu sur le boulevard, par une belle après-midi du mois de mai. Les deux jeunes gens, Paul de Malinvault et Jean de Château-Gaillard, assis devant un guéridon à la porte d’un café, dégustaient un punch à la romaine, en regardant passer les promeneurs.

« Jehan » n’était plus l’étudiant adolescent que nous avons vu trois ans auparavant attablé chez Pinson, et contant à ses camarades ses prouesses galantes. Ses