Page:Cadiot - Chateau-Gaillard.pdf/453

Cette page n’a pas encore été corrigée

ment : — deux ou trois minutes peut-être ! — une mêlée horrible : des onomatopées de douleur, des cris d’enfer, des appels de détresse, et enfin des hurlements effroyables.

Quand main-forte arriva, les trois lutteurs roulaient sur le gazon.

Sarah était ensanglantée ; çà et là, gisaient des lambeaux de sa toilette.

Le docteur était épuisé, pâle, chancelant, le visage bouleversé par l’épouvante.

Quant au fou, on ne le releva pas ; il était maintenant inerte, le corps convulsé, les yeux hors de leur orbite, la bouche tordue et pleine d’écume.

Sarah respira des sels ; on lui baigna les tempes d’eau fraîche, on la soutint, pour l’enlever à ce hideux spectacle.

Mais, avant de quitter la place :

— Il faut mettre à cet homme la camisole de force, balbutia-t-elle, encore chancelante et déjà hautaine, déjà grimée de son masque de pruderie sociale.

Le docteur alla vers ce qui gisait à terre, le souleva d’un poignet vigoureux. Nul mouvement, nul frémissement ne se produisit ; les yeux injectés demeurèrent fixes, les muscles gardèrent la crispation de la dernière grimace.

— Heuh ! dit le docteur, c’est fini. Il est maintenant tenu par le carcan de l’éternité !


FIN