Page:Cadiot - Chateau-Gaillard.pdf/448

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

affaires, sans risquer son capital, et seulement pour occuper son activité.

Madame Le Sourd est restée en Normandie, pendant l’envahissement d’abord, puis pendant la Commune, puis tout l’été de 1871.

À l’automne — j’oubliais de dire que M. Le Sourd était maire de sa commune, laquelle n’est rien moins qu’un chef-lieu de canton ! — à l’automne donc, madame Le Sourd qui s’occupe des écoles, des hospices, des établissements de bienfaisance ou d’utilité publique dans la contrée, fut invitée à aller visiter un établissement qu’un docteur philanthrope avait fondé, aux environs de Caen, je crois, d’après un système nouveau.

C’était une agglomération de petits pavillons confortables, de chalets, élégants, disséminés dans un immense parc, et destinés, chacun, à recevoir un malade de distinction, assez fortuné pour installer, avec lui, deux ou trois domestiques.

Il y avait là des hommes et des femmes ; tous atteints de maladies chroniques considérées comme longues à guérir, ou inguérissables ; les malades appartenaient, en général, à des familles considérables qui, pour un motif ou pour un autre, ne voulaient pas laisser voir, dans leur sein, certaines infirmités, certaines aberrations des sens ou de l’esprit ; ou bien encore, des traces indélébiles de corruption.

Ainsi, dans deux ou trois pavillons, se trouvaient de pauvres femmes affectées de névroses étranges ; ailleurs, des épileptiques, des maniaques, des idiots, des malheureux rongés de lèpres hideuses, des ivrognes abrutis, des fous etc.